Nous sommes tous verts !
Interrogez vos proches, vos voisins et collègues … et en premier interrogez-vous vous-même ! Tout le monde ou presque a pris conscience de l’impératif environnemental. Il s’impose à nous et il faut agir, agir plus et mieux. D’ailleurs, à chaque enquête d’opinion, la part des climatosceptiques recule. Aujourd’hui, elle représente moins de 15% de la population européenne, par exemple.
OUI mais….
LE CHEMIN DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE EST EXIGEANT, plus exactement contraignant, car il impacte directement notre quotidien, notre style de vie, nos bonnes vielles habitudes et parfois notre confort. Mais comment prendre la mesure de l’écart inévitable qui existe entre l’intention et l’action ?
Parmi les anglicismes à la mode, il faut connaitre l’acronyme « Green Gap » qui somme toute définie bien notre sujet du jour. L’expression renvoie aux études sociologiques conduites par le « Behavior Gap » sur l’écart entre l’attitude et le comportement, mais uniquement dans le domaine environnemental.
L’ObSoCo (Observatoire Société Et Consommation), dans ses études conduites par L’Observatoire Des Perspectives Utopiques, a mis en exergue la volonté des français de redéfinir une société éco-responsable aux comportements sobres (moins mais mieux).
Quels sont les freins et les motivations qui caractérisent ce mouvement ?
Le pouvoir d’achat
Bien entendu, le pouvoir d’achat est le premier frein aux achats éco-responsables. Jusqu’à quel seuil le consommateur de produits bio, verts ou équitables est-il prêt à payer le coût marginal de la relocalisation des ateliers, de la juste rémunération des producteurs, etc.
Cette objection largement répandue doit s’apprécier à l’aune des actes de sobriété que chacun peut mettre en œuvre quotidiennement : manger mieux mais des produits locaux, privilégier les objets de seconde main, ou upcycler ces mêmes objets pour leur donner une nouvelle vie. Boethic vous donne plein de conseils à ce sujet .
La réconciliation entre nos habitudes de consommations égocentrées et l’impératif du changement
Nos achats sont souvent guidés par des intérêts individuels, faire une affaire, préserver son pouvoir d’achat, sa santé, son confort. Associer écologie et bien être individuel suppose de réussir la synthèse entre ces forces apparemment opposées. On peut s’intéresser au succès de l’application « To Good To » qui propose une démarche associant intérêts individuels monétaires et intérêts environnementaux : où comment limiter le gaspillage en achetant pas cher des invendus.
L’association entre comportements écoresponsables et valorisation de soi
Cette synergie gagnant-gagnant est d’autant plus puissante qu’elle est favorisée par les réseaux sociaux et ses influenceurs dont la parole est très écoutée. S’engager face au regard des autres vous oblige ! C’est aussi faire partie d’une nouvelle communauté. L’application « 90 jours » propose à chacun des défis écolo et rappelle à chaque défi le nombre de complices qui l’on a déjà relevé.
Frein incontestable, la perte de crédibilité donc de confiance
Dans un contexte de fake news et de doute généralisé, on peut comprendre cette perte de confiance entre les entreprises offrant des produits dit « verts » et des acheteurs qui doutent de leur honnêteté.
Les postures de green washing, où l’argument vert comme outil de communication, est une cause première de cette défiance. Il convient d’inventer des indicateurs pertinents et accessibles pour mesurer l’impact tangible des produits ou services. Les labels sont un bon exemple mais il reste un long chemin à faire.
La culture du « zéro effort » et du « tout, tout de suite »
Dernier point et pas des moindres : « ne pas faire d’effort » ou « être impatient ». Ces deux comportements sont favorisés par l’accessibilité à tout ou presque sur Internet et aux achats sur les boutiques e-commerce. Mais adopter des attitudes écoresponsables supposent des efforts, du temps passés, de l’organisation pour acheter en vrac, trouver un meuble à rénover ou fabriquer soi même l’objet. Pourquoi prendre ce temps alors que l’on peut les obtenir en 3 clics sur notre ordinateur ou notre smartphone ?
En conclusion provisoire à un sujet du « Green Gap », que nous ne faisons qu’effleurer à travers cet article, l’argument écologique en soi n’est pas suffisant pour inciter le consommateur a verdir son comportement.
Ce constat va dans le sens de l’inefficacité pédagogique d’une approche incantatoire de l’impératif environnemental telle qu’elle est pratiquée par une partie des mouvements écologiques. La bonne attitude, nous en sommes convaincus chez Boethic, nécessite d’entrainer le plus grand nombre et non de diviser en chapelles entre ceux qui font le bien et ceux qui font le mal.
Sources et inspirations Aude Vidal Ecologie Individualisme et course au bonheur, Le Monde A L’Envers (2017)ObSOCO ; Citeo : Panorama étendu du rapport des français à la consommation et aux modes de vie responsable. D. Desjeux une approche micro sociale de la consommation Que Sais-je ? PUF 2006