Les matières plastiques, dans toutes leurs déclinaisons, nous accompagnent à tout moment de notre vie. À ce titre, cette invention qui trouve ses origines aux Etats-Unis dans les années 1860, constitue sans aucun doute un des facteurs les plus significatifs de la révolution industrielle, née de la transformation des hydrocarbures. Il a fallu presque un siècle pour que le plastique fasse son entrée fracassante dans nos maisons. Aujourd’hui nous essayons de le remplacer mais nous ne trouvons pas de substitut aussi pratique et peu cher. Faisons le point pour mieux comprendre notre dépendance…
L’arrivée du plastique dans nos interieurs
En effet, jusqu’à la deuxième moitié du 20ème siècle, le mobilier était quasi exclusivement en bois peint, ciré ou verni, voire en métal et les rares appareils électroménagers majoritairement en tôles peintes ou en alliages coulés.
Je n’oublie pas la bakélite, ancêtre du plastique dont les vertus d’isolation électrique s’étendirent des interrupteurs aux appareils de radio en passant par le fameux téléphone noir à cadran.
L’emploi des matières plastiques dans l’équipement de la maison a permis aux consommateurs d’accéder à une infinité de produits colorés, plutot solides et surtout pas chers. Certains se souviennent de la mélamine, mieux connue sous son appellation commerciale de Formica. Synonyme de modernité, il habille les cuisines et les salles de bains, se nettoie d’un coût d’éponge, est colorée dans la masse et résiste aux accidents domestiques ! Bref, un vrai bonheur et une franche révolution. Pour le monde des designers, le plastique est tout aussi une révolution car il autorise des formes audacieuses facilement reproductibles en grande série à un prix de revient imbattable.
Il démocratise les objets de créateurs et permet aux classes moyennes au pouvoir d’achat grandissant de remplacer le triste mobilier Ségalot ou Lévtant hérité des grands-parents ou offert aux jeunes mariés. « Des meubles pour la vie », voilà alors la promesse.
Le plastique vu par de grands designers
Comme souvent dans la déco, c’est en Italie que le travail de designers comme Vico Magistretti, Mario Bellini, Ron Arad par exemple, lui donnent leurs lettres de noblesse. Dans les années 70, le succès populaire du fauteuil des designers américains Charles et Ray Eames, le fameux Plastic Chair ou en France le tabouret Tam Tam créé par Henry Massonnet dans de multiples couleurs et produit à 12 millions d’exemplaires en l’espace de 10 ans au prix de vente de 10 francs (1,5 €) !
Il faut mentionner parmi d’autres, l’éditeur italien Kartell qui, depuis 70 ans trace une voie novatrice dans l’emploi des polymères avec des succès iconiques comme les modules de rangement Componibili. On peut aussi citer le Sacco, le pouf en tissus enduit de PVC imaginé par 3 designers italiens (Piero GattI, Cesare Paolini et Franco Teodoro) dont la forme en poire sous l’effet du poids de la personne assise offre un confort étonnant.
Componibili.de Kartell – Chaise Three skins de Ron Arad. – Poufs Sacco
À partir des années 80, le plastique, banalisé dans tous les domaines de la vie, est concurrencé par le plexiglass, une autre forme de polymère dont l’aspect luxueux et surtout les effets de transparence permettent à des designers comme Shiro Kuratama ou Phillipe Starck d’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire du mobilier.
Fauteuil Lous Ghost de Starck édité par Kartell
Réveil écologique face au plastique toxique
A l’orée du 21ème siècle, la prise de conscience environnementale collective et les campagnes d’information qui en découlent, présentent à l’opinion les matières plastiques comme l’une des causes majeures du désastre écologique à venir.
Il est vrai que les ordres de grandeur sont hallucinants. Environ 300 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetés chaque année dont près d’un quart dans les océans. La mer Méditerranée est l’écosystème le plus impacté avec une estimation fiable de 600.000 tonnes par an. Vous connaissez le terme de « 7ème continent » alias le » continent de plastique » qui depuis 20 ans qualifie cette surface molle flottant sur la mer et qui représente une superficie de 3,5 millions de KM2 soit 6 fois la France.
Moins de 10 % des déchets plastiques sur la planète sont recyclés, selon l’OCDE. Au début du mois, l’ONU a lancé les négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique.
Zero Waste est une association qui milite au quotidien pour faire évoluer les mentalités et faire pression sur les industrielles, aidons les et mobilisons nous avec eux.
Le traitement des déchets en matière plastique illustre parfaitement l’un des principaux enjeux environnementaux du 21ème siècle. Chacun doit y prendre sa part, et l’industrie de l’ameublement et de la décoration d’intérieur se détourne alors de ce symbole de la surconsommation irresponsable presque aussi rapidement qu’elle l’avait adulé 40 ans plus tôt.
Mais le retour aux matières naturelles et avant tout au bois ne suffit pas à créer un modèle vertueux notamment dans la bonne gestion des ressources.
C’est dans ce contexte que les nouveaux principes de recyclage des polymères du tri à la transformation pour réemploi se font jour. Il ne s’agit pas de bannir le plastique mais de le transformer en inventant de nouveaux usages. Dans le monde de l’aménagement intérieur, les années 2000 seront donc celles de l’avènement de plastiques recyclés qui permet des transitions radicales comme celle engagée par Kartell qui promet 100% de sa production en recyclable dans moins de 10 ans.
Vers un nouveau modèle de recyclage plastique innovant et plus vertueux
Avant tout, il faut recycler ! La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire – dite loi AGEC –, entérinée en 2020, court jusqu’en 2040. Elle prévoit plusieurs restrictions autour du plastique à usage unique, à cela s’ajoute l’objectif dit des « 3R », pour la réduction, le réemploi et le recyclage des plastiques. Ca va dans le bon sens mais 2040 c’est loin, à nous d’avancer plus vite en exigeant des emballages consignés par exemple.
En France, seuls 6 à 8% des déchets plastiques sont recyclés. Cela donne une idée du chemin à parcourir alors qu’à l’échelle de la planète, environ 75 % du plastique rejeté finit dans des décharges naturelles à ciel ouvert !
Le secteur de la décoration et de l’aménagement de la maison s’en empare et les initiatives sont aujourd’hui nombreuses. Elles sont souvent issues de jeunes entrepreneurs sensibilisés à l’enjeu du recyclage des rebuts. La récupération et le réemploi des rebuts de plastiques permettent des avancées créatives originales et plus vertueuses.
En France, l’éditeur Maximum dont le fauteuil Gravêne proposé par notre e-shop BOETHIC est le parfait exemple de cette tendance d’upcycling de déchets industriels.
The Good Plastic Company est un autre exemple de cette économie circulaire qui dans un processus zéro déchet. Cette jeune organisation d’origine française, upcycle les rebuts et déchets plastiques en panneaux uniques qui peuvent être utilisés pour créer des meubles et des éléments de design intérieur ou extérieur modernes et respectueux de l’environnement. Des créateurs se sont emparés de ces panneaux pour proposer des objets originaux.
Le recyclage déco zéro carbone
Au fil des articles, nous vous ferons découvrir de nouvelles pépites Made In France qui agissent concrètement dans le domaine de l’économie circulaire au service de la décoration ecoresponsable, éthique et durable qui est la raison d’être de Boethic.
Mais attention, tout n’est pas idyllique dans le monde du plastique recyclé. Il faut distinguer le recyclage chimique du recyclage mécanique, le plus utilisé dans le monde. Si le recyclage mécanique ne permet pas d’obtenir du plastique de même qualité, le recyclage chimique utilise lui diverses techniques (haute chaleur, réaction chimique…) permettant de décomposer la matière et ainsi revenir à ses molécules de base. Il avait ainsi provoqué l’enthousiasme. Mais hélas, il semblerait que cette méthode produise beaucoup de carburants qui sont ensuite brûlés dégageant d’autres molécules d’hydrocarbure que certaines ONG soupçonnent nocives pour la santé.
En pratique, seuls les processus de transformation mécanique, zéro carbone, presque zéro rejets sont parfaitement vertueux.
Boethic a fait depuis ses débuts le choix de vous informer et de vous orienter vers des matières et des produits éco-responsables en vous donnant les clés pour les identifier et les conseils pour les recycler ou leur donner une nouvelle vie. Réduire notre consommation de produit neuf , consommer moins mais mieux s’avère être la solution. Au fil de nos rendez-vous, nous vous accompagnerons dans cette démarche et nous grandirons ensemble. Rejoignez notre communauté passionnée 😉